Marcher seule la nuit. Pas durant la "vraie" nuit, seulement en
début de soirée. Quand les magasins descendent peu à peu leur rideau
métallique et que les restaurants bruissent des derniers gestes
d'attente (une nappe que l'on remet en place, un balai que l'on passe
dans l'entrée...).
Pas n'importe où non plus. A Paris. La ville est encore si vivante
le soir que l'on peut s'aventurer à la seule lumière des éclairages
publics sans craindre de voir surgir un chat noir du moindre brin
d'ombre.
Quand les touristes font la queue pour se faire crier dessus chez Chartier, quand les working bobos en sont déjà à leur 3ème bière HH
(Happy Hours, ou comment te saouler vite fait bien fait à moindre
frais), quand les amoureux se retrouvent au petit jap' chinois du coin,
la ville est à moi.
Je l'arpente d'un pas alerte et décidé.
Je l'arpente d'un pas alerte et décidé.
Passé une certaine heure, il ne fait plus bon flâner. C'est
l'hiver je te le rappelle. Le rythme du marcheur olympique est la seule chose qui s'interpose entre toi et l'hypothermie. Bien,
qu'inévitablement, la phase hamman fasse parler d'elle en fin de
parcours. Alors, le marcheur citadin se voit, subtilement, mais
réellement acquérir les indispensables de la panoplie du marcheur alpin :
polaire, textiles respirants, gants-mouffles, chaussettes
surtout-pas-en-laine-ça-fait-transpirer-et-pis-ça-gratte...
Marcher nuitamment pour découvrir et éprouver la ville sans foule à affronter, sans flux de piétons anarchiques. Sans coups de sacs, de coudes, de genoux, d'enfants, de chiens, de trottinettes, de valises, de ballons Mic*ey qui essaient de prendre l'escalator.
Et seule. Surtout seule. Pour être égoïste. C'est un plaisir inestimable que de pouvoir avancer à son rythme, changer de trottoir quand sa curiosité le décide. Sans oublier une chose toute bête, mais si précieuse et reposante : le silence. Ne pas parler, ne pas écouter, ne pas répondre. Se laisser porter par ses pensées.
Finir par traverser la Seine. Là, je m'arrête. Je la regarde dans les yeux et je lui dit "Tu vois, j'y suis ! Et je suis bien contente qu'il en soit ainsi." Oui, la femme immobile aux joues rouges de froid qui, souvent, sourit toute seule en direction des bateaux mouches, c'est moi.
Quel lien avec une salade de carottes ? Le plaisir. J'avais envie de cru. Les clémentines se sont d'elles-mêmes jetées dans mes mains ; elles ne supportaient sans doute pas l'idée d'être séparées des carottes. L'improvisation a fait le reste.
Salade carottes et clémentines
Pour 1 personne
1 grosse carotte (ou 2 petites)
2 petites clémentines
4 dattes
huile de sésame
feuilles de menthe
graines de sésame
sel
Laver, peler et râper la carotte. Déposer dans une assiette. Peler les clémentines et ajouter les quartiers.
Dénoyauter les dattes et les couper grossièrement.Ciseler finement quelques feuilles de menthe et ajouter le tout à l'assiette.
Assaisonner la salade selon son goût avec de l'huile et des graines de sésame, et un peu de sel.