Quand le monde se gauchise

22:29


Petit matin de semaine.

J’ouvre un œil.

Puis un second.

Je tente une sortie de la main gauche, la première aventurière à oser braver le froid ambiant et s’affranchir de la douce protection de la couette.

Vérification et validation. La température de la pièce est viable et me laissera le temps de rejoindre la douche sans développer de disgracieuses et douloureuses engelures.

Je me préparer mentalement à piquer un sprint.

3-2-1-0… ignition.
(aucune réaction)
J’ai dit ignition !!
Mise à feu.
Positionnement à la verticale et mise du pied droit sur le sol.

Malgré la répétition de l’ordre, rien ne vient.
Mon corps refuse.
Il ose même exprimer une vive réprobation qui prend la forme d’une douleur généralisée allant du petit orteil gauche au cheveu blanc fièrement planqué à la lisière de mon front.

Rhââââïïïï…

Seul ce son affreux et informe parvient à franchir mes lèvres.
Il va encore falloir ruser pour parvenir à berner la mamie quasi-centenaire qui a pris possession de mon corps depuis quelques jours. Lui laisser croire qu’un bon épisode de Derrick l’attend ou que le dernier Notre Temps vient d’être livré. D’expérience, je sais que seules ces soporifiques perspectives peuvent la décider à accepter la position verticale.
Doucement, l’idée leurre fait son chemin dans les circonvolutions de mon corps possédé. Et la mamie toute rabougrie y croie et la suit.

Je me lève. 
Et me précipite sous une douche brûlante afin de dérouiller mon pauvre habitacle.


La tendinite du bras droit n’était qu’une éclaireuse. Je comprends enfin son rôle : vérifier que j’allais pouvoir constituer un abri confortable et réceptif à une grève généralisée de mes muscles et autres éléments indispensables à ma motricité.

Afin que je ne sombre pas totalement dans la dépression, elle m’a laissé ma main gauche. Le minimum vital pour faire des biscuits. L’esprit frappeur à la mise en plis violette est malin, il sait qu’il n’a pas intérêt à me voir dépérir, sans quoi il serait contraint de chercher un nouveau refuge.


Biscuits piquants au gingembre et piment d'Espelette
(ou left hand cookies)


Pour une douzaine de biscuits

130 g de farine complète
80 g de margarine végétale
75 g de sucre complet
50 g de gingembre confit
1 cs de lait de soja
1/2 sachet de levure
1/4 de cc de piment d'Espelette
1 pincée de sel

Couper le gingembre en petits cubes. Déposer la margarine et le sucre dans le bol d'un robot mixeur et mixer jusqu'à obtention d'une consistance crémeuse. Ajouter le lait puis transvaser la préparation dans un saladier.
Ajouter peu à peu la farine, la levure, le sel, le piment puis les morceaux de gingembre.
Former une boule. La filmer et la laisser au réfrigérateur une bonne heure.

Passé ce temps, préchauffer le four à 160°C. 
Sortir la pâte du réfrigérateur et prélever de petites boules que l'on écrasera à l'aide la paume de la main ou d'un tampon à biscuits. Les déposer sur une plaque de cuisson anti-adhésive et cuire 10-12 minutes.
Les biscuits doivent être encore un peu mous à la sortie du four.
Les laisser refroidir avant de les déguster.

Je me suis ici très largement inspirée de la recette de Cookies gingembre confit et poivre long d'Annellenor. J'ai simplement utilisé ma baguette magique végétale et remplacé le poivre long par le piment d'Espelette.
cookies, gingembre confit, piment d'Espelette, vegan

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15 commentaires

  1. Hormis le fait que ton intro m'a bien fait me marrer, j'adore ces biscuits !
    Avec un petit the, le gingembre et le aiment doivent être merveilleux.
    Bises gourmandes.

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  2. Mais quel délice ce texte. Je n'ai finalement pas Lu là recette, lui seul m'a suffit. Il ne m'a pas faite rire, il ne m'a pas déprimée. J'ai juste entendu une façon particulière, singulière de traiter là réalité qui est là notre. Il est beau, authentiquement vrai, sincère et riche. Bravo.

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  3. Hahahahaha, merciii pour ce texte (et les liens qui vont bien). Comment tourner des moments bof de la vie (heu, genre tout les hivers) en de franches rigolades, merci !
    Et ce biscuit, gingembre confit et piment, mais où avais-tu l'esprit, je vais certainement en mourrir de bonheur et attention, ce sera entièèèrement ta faute (et un peu aussi celle de ma gourmandise, ok).

    PS : "Darling faisons l'amour ce soir"... C'est foutu, je l'ai dans la tête pour les heures à venir.

    PSbis : Alors tu paries sur quelle couleur pour ta mise en plie quand ton cheveux blanc se sera multiplié ? Moi je me laisserai bien tenter par le violet...

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  4. Mon dieu ...quelle imagination!!!!!Ceci dit peut être suis-je moi aussi hantée car je connais les mêmes symptômes matinaux....Pour ce qui est d ela recette....muummm avec un petit thé ces petits biscuits au piment d'espelette devrait me vitaminer les matinées.....Biz

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  5. Sympa tes biscuits, je prépare actuellement une offensive biscuit et les tiens viendront rejoindre le gros de la troupe.
    Pour le cheveux... Bah les miens sont partis, les traitres !

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  6. Tu me fais trop rire :-)
    On dirait moi, la nuit, lorsque je DOIS me lèver pour une envie pressante... ^^

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  7. Non seulement la recette est originale mais en plus, je fais partie des chanceux/ses qui ont pu les goûter :) Alors encore merci pour ce très bon moment gustatif !

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  8. Laurence : ils sont aussi pas mal du tout avec un café (j'ai un gros faible pour l'association café-gingembre). :)

    Ika : ton petit mot me touche beaucoup, j'en perds les miens...

    Mlle Pigut : y'a pas à dire, les années 90 savaient nous créer des refrains "incroyables" ! ^^
    Pour la couleur, je pense opter pour l'option japonaise : rouge vif ou bleu profond (quitte à être artificielle, autant y aller à fond). Remarque, pour le rouge, je n'ai pas attendu d'avoir la carte Vermeil...

    Cita : ce matin, ma Wii m'a affirmée que j'avais 57 ans... je crois que la possession s'aggrave.

    Loïc : une offensive biscuits !?! ça m'a l'air d'être une très belle perspective. :)

    Mély : Ah, les fameuses "envies pressantes", elles sont une vraie torture dès que le thermomètre descend un peu trop.

    L'Ano : c'est d'autant plus gentil que tu n'aimes pas trop le gingembre ne fait, non ? La prochaine fois, je ferai plus classique, promis.

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  9. Piou... Comme tu me fais rire... Ces biscuits sont superbes !

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  10. Huuuummm ils doivent être bien énergisants ces biscuits, parfaits le matin avec un bon café noir...

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  11. On imagine bien la scène ...
    et en voyant tes biscuits je veux bien "gauchiser" moi aussi !
    ^^

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  12. Je crois que j'aimerais bien changer de piquant aussi ! ;o)
    Et merci pour le clin d'oeil.

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  13. Il faut bien du gingembre pour contrebalancer Notre Temps...

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  14. Le Citron : double merci. Et c'est un bon échange : un rire contre un blog. Parce que je découvre le tien, et il est très chouette !

    Chris : ah, une autre caféïnomane ! :)

    Coco : je ne te mentirai pas, ça fait un peu mal. Mais le piquant du gingembre aide à faire passer la pilule. ^^

    Annellenor : un grand merci pour ton petit mot. Ton blog est une grande source d'inspiration, même si je m'y fais très silencieuse.

    Laurent : c'est pas faux, ces biscuits réveilleraient un (presque) mort.

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