(précaution d'usage : va lancer le lecteur de musique qui se trouve en fin d'article, et revient ensuite ici)
Une salle froide et impersonnelle, où les bureaux ternes et rudes s'enchaînent à l'infini. Quelques êtres égarés au regard vide et cependant plein d'attentes entrent par grappe, hésitent, avancent maladroitement avant de s'encastrer tant bien que mal dans un bureau trop exigu pour eux.
Un froid silence inonde leurs oreilles. Elles pourraient presque en geler.
Puis, quelque chose change. Un bruit se matérialise peu à peu. Comme des pas. Oui, c'est ça, quelqu'un approche à pas lourds et lents. Cette onde sonore s'incarne finalement dans la figure, qui devrait être bonhomme mais est simplement attristante, d'un homme sans âge. Trop chevelu, trop barbu, trop ventru. Après quelques pas, il se dresse face aux dizaines d'yeux inquiets qui n'attendent qu'un mot de lui.
"Le 25 décembre, c'est Noël. Vous illustrerez et argumenterez ce propos à l'aide d'exemples choisis et d'images adéquates. Vous avez 4 heures."
Immédiatement, le silence revient. A une vitesse telle qu'on croirait qu'il attendait tapi dans l'ombre et aux aguets comme le plus aguerris des félins.
L'homme se tourne, traînent de nouveau lourdement ses pieds, et disparaît derrière son bureau.
Les bruits de plume grattant le papier commencent à émerger de-ci de-là.
Et la panique m'envahit.
Les mots qui viennent d'être lâchés résonnent violemment dans ma tête, s'acharnant à rebondir sur chaque aspérité de mon cerveau. Sans montrer le moindre signe d'accalmie.
Noël...
Il faut que je parle de Noël.
A l'énoncé de cette phrase, seul un grand vide s'offre à moi. Il semblerait que l'ensemble des mes pensées, sentiments, joies, rancœurs, s'envolent comme la plus sauvage des nuées d'étourneaux à la moindre évocation de cette période calendaire.
Bon sang, ce n'est pas possible. Je ne suis tout de même pas aussi vide que ça ! Il doit bien rester un souvenir, un espoir, un sourire cachés quelque part au fond de cette tête réfractaire.
Mais non.
Mon intérieur est comme cette pièce : blanc, froid, quasi-vide, sans aucune accroche pour la chaleur et le réconfort.
Et je sombre lentement dans la plus passive des résignations.Quand je réalise qu'un tout petit bout de cellules refuse cet abandon. S'agite et proteste dans son coin. Il y aurait donc une minuscule parcelle à sauver.
Oh oui, c'est vrai.
Je me concentre...
C'est encore assez flou, immatériel et fragile. Difficile à saisir. Telle une petite bulle légère qui volette joyeusement dans ma tête depuis quelques temps. Au contact moelleux et duveteux comme le dessert du jour. Porteuse de tant de douceur et d'espoirs que le fantôme des Noëls à venir pourrait finalement bien terrasser son triste acolyte des Noëls passés.
Une fois n'est pas coutume, la recette ne se trouve pas ici, mais chez FémininBio.
Et parce que, finalement, Noël, c'est l'occasion de partager et de se tenir chaud, même à distance, je te laisse avec la très bonne playlist d'à l'écoute (c'est fou comme c'est bien d'avoir des blog-friends de talent ! :-) )