J'ai oublié ma machette
21:53
Régulièrement (deux fois par mois environ), j’organise une expédition bien particulière. J’aimerais pouvoir m’y soustraire. Mais mes choix de vie m’en empêchent de plus en plus. C’est ainsi. Malgré la douleur de la chose, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Pour l’instant, le bénéfice final étant supérieur à la pénibilité exigée, je m’y résous.
Malgré ma bonne connaissance de la chose, mes années d’expérience, et ma méfiance innée pour tout et rien, je me suis laissée surprendre lors de ma dernière insertion en territoire hostile. Cela faisait plusieurs semaines que je maniais à merveille ma stratégie de l’évitement. Forcément, ma vigilance était un peu émoussée.
La mémoire me revint bien vite cependant. Grâce à me première encontre avec un spécimen local. Qui prit ici les traits d’une vendeuse plantée en plein milieu du (tout) petit espace de circulation, accaparée par une discussion perso sur son portable. Pas trop de reproches à faire sur le moment. Cependant, je peux t’assurer que je fus inévitablement amenée à revoir mon jugement quand, après un long moment d’errance à la recherche du rayon sans gluten, je fis le constat que je ne parvenais absolument pas à attirer l’attention de cette fort discrète personne. Heureusement, je suis une habituée de ces difficultés de repérage et j’ai toujours boussole, GPS et compas lunaire sous la main.
La disposition labyrinthique des lieux me permit, comme à chaque fois, de me heurter avec bonheur aux autres aventuriers. Et tu sais quoi, je serais prête à signer des deux mains pour rencontrer le minotaure en personne plutôt que de devoir affronter de nouveau les visages revêches, dédaigneux, fiers d'eux-mêmes et de leur pureté comportementale de mes supposés coreligionnaires.
Quelques circonvolutions plus tard, je fis chemin vers la sortie. Épreuve toujours source de complication et de mise à l'épreuve de ma zénitude.
Attendre.
Attendre.
Attendre.
Vint enfin mon tour de connaître combien il allait m'en coûter de vouloir ainsi m'aventurer sur des terrains non-conventionnels. L'épreuve ultime. De quoi récolter la super star gold medal de l'humaine endurante. Je dus alors faire face à la terreur de ces zones méconnues : le caissier visiblement-trop-pur-pour-travailler-mais-qui-doit-pourtant-bien-accepter-cette-basse-condition-afin-de-payer-son-loyer. Malgré ma tenue de camouflage, il comprit bien vite que je n'étais en fait qu'une exploratrice fort peu rompue aux valeurs de son univers : mon combo sourire/bonjour m'avait trahie. Ce qui me valut de récolter un silence méprisant, une remarque sarcastique sur mes choix et un soupir appuyé en guise d'adieu.
Hermétique à tout cela, je m'en suis allée digne, mon pain sans gluten sous le bras.
Encore une fois, j'étais allée faire mes courses au magasin bio.
NDLR : Et ne viens pas m'accuser de parisiano-centrisme, tu seras gentille. Cette étude ethno-consumériste est le fruit d'une expérimentation poussée en des lieux extrêmement diversifiés.
A tel point que j'en viens même à penser que les magasins bios, où qu'ils soient, constituent un seul et même univers parallèle, avec ses propres us et coutumes, sa population autochtone et ses réseaux de communication internes.
Un jour, des hommes verts sortiront de ces réduits exigus et torturés, et dirigeront le monde, un brin de graine germée d'alfalfa coincé entre les dents !
Ou de persil.
Pour 4 personnes
2 beaux bouquets de persil plat
2 gousses d'ail
3 cs d'huile d'olive
le jus d'un citron
sel
pour la purée de sésame
3 grosses cs de pâte de sésame
le jus de 2 citrons
1 gousse d'ail
1/2 verre d'eau
sel et poivre
Ces recettes sont tirées du roman Les liaisons culinaires, de Andréas Staïkos. Elles sont ici fidèlement retranscrites.
Retirer les tiges et hacher menu les feuilles de 2 gros bouquets de persil. Ajouter 2 gousses d'ail hachées très fin ou réduites en purée. Assaisonner avec 3 cuillérées à soupe d'huile d'olive pressée à froid et le jus de 1 citron, puis ajouter un peu de sel.
Précision personnelle
Bien veiller à hacher le persil au couteau ou aux ciseaux. Surtout pas au mixeur, à moins d'apprécier la bouillie de persil.
salade, persil, sésame, tahin, cuisine grecque
Ou de persil.
Salade de persil et purée de sésame
Pour 4 personnes
2 beaux bouquets de persil plat
2 gousses d'ail
3 cs d'huile d'olive
le jus d'un citron
sel
pour la purée de sésame
3 grosses cs de pâte de sésame
le jus de 2 citrons
1 gousse d'ail
1/2 verre d'eau
sel et poivre
Ces recettes sont tirées du roman Les liaisons culinaires, de Andréas Staïkos. Elles sont ici fidèlement retranscrites.
Salade de persil
Retirer les tiges et hacher menu les feuilles de 2 gros bouquets de persil. Ajouter 2 gousses d'ail hachées très fin ou réduites en purée. Assaisonner avec 3 cuillérées à soupe d'huile d'olive pressée à froid et le jus de 1 citron, puis ajouter un peu de sel.
Purée de sésame
Mettre 3 grosses cuillérées à soupe de pâte de sésame dans un bol. Arroser avec le jus de 2 citrons et 1/2 verre d'eau. Ajouter 1 gousse d'ail écrasée, saler et poivrer légèrement. Mélanger jusqu'à obtenir une préparation homogène. Parsemer d'un peu de persil haché avant de servir.
Précision personnelle
Bien veiller à hacher le persil au couteau ou aux ciseaux. Surtout pas au mixeur, à moins d'apprécier la bouillie de persil.
salade, persil, sésame, tahin, cuisine grecque
13 commentaires
Alors là je suis bluffée par la salade de persil... ça me laisse mais alors totalement baba... moi avoir vraiment envie beaucoup d'essayer ça! Pour ton étude expérimental des magasins bio, j'aimerai que tu précise magasin bio parisien! Parce que loin de moi l'envie de dénigrer les parisiens, mais excuse moi, il n'y a pas que dans les magasins bio que les vendeurs sont froids et hautains! Et comme je suis une vraie provinciale je peux te dire qu'à ma biocoop savoyarde on a toujours discuté avec les vendeurs, je sais qu'une est naturopathe de formation, elle adorait expliquer les trucs aux gens, que les patrons m'expliquaient ou ils se fournissaient qu'ils étaient hypra souriant et avenant... a Toulouse, ils étaient très cools, certains parfois un peu hautains (faut croire que la ville aide pas) et là à Nevers je pense que je pourrai leur en apprendre plus que eux... mais bon... et pour t'annoncer que je risque de bosser bientot en magasin bio, sois sure tombouctou, que t'auras au moins une vendeuse en magasin bio souriante et pas hautaine :P
RépondreSupprimerY'a bon ça. Tu nous fais un petit passage oriental avant de retrouver Link ?
RépondreSupprimerahahhah le magasin bio! je souscris à 300% ! qu'est-ce que j'ai ri en lisant ton article! comme un gros sentiment de déjà vu/déjà vécu! ça me rappelle la fois où étant au magasin bio pour acheter des trucs inhabituels pour moi (céréales en vrac, farine de toutes sortes, lait de soja....) j'ai demandé du sucre "normal" (blanc, raffiné quoi) ouilleouilleouille je me souviens encore du regard méprisant de la vendeuse, du genre "mais t'es cruche ou tu le fais exprès!" le sucre raffiné c'est le mal, tiens te vlà du sirop d'agave...
RépondreSupprimerhmm bien merci les magasins bio c'est comme les médicaments : à petite dose et quand c'est nécessaire :-D
et super idée la salade de persil, je retiens!! et là j'ai de la chance j'en ai plein au jardin quand c'est la saison! :)
Les liaisons culinaires est un livre fetiche que j'emporte partout avec moi. Il est actuellement au Japon bien evidemment. Ton analyse m'a rappele bien de souvenirs, et aussi la certitude que je n'ai pas envie de retourner vivre à Paris (tu devrais faire un tour dans les comptoirs bios mayennais, d'apres mes souvenirs, ils sont bien plus gentils) !
RépondreSupprimerTa note d'humour me fait sourire (de bon matin) :-)
RépondreSupprimerC'est vrai que pour un néophyte les magasins bio sont pires qu'une autre planète. Moi c'est mon petit plaisir bi-mensuel !
RépondreSupprimerBluffée par ta salade de persil...je suis idiote de ne jamais y avoir songé !!!!De bonne humeur pour la journée grâce à ton billet....je pars de ce pas vérifier l'existence des petits bonshommes verts au brin d'alfafa chez mon bio préféré et plante du persil au cas où il aurait gelé...dis ,viens faire tes courses en province ...cela me parait moins traumatisant : chez nous les bio sont plutôt genre Bové ,des purs et durs ....biz
RépondreSupprimerDes années que j'arpente les magasins bio et je ne m'habitue toujours pas à leur climat étrange pseudo ésotérique et plutôt très coincé même ici à Marseille !
RépondreSupprimerLes rares fois où j'ai réussi à y trainer mon chéri, il m'a fait illico presto une analyse sociologique hilarante des drôles de personnes qui viennent y faire leurs courses et s'est senti lui aussi sur une autre planète...
Je me suis donc délectée à la lecture de ton article...en te voyant venir de loin...
Pour la salade de persil...j'hésite un peu...m'en vais y réfléchir...
Besos !
Moi je pose des bombes. Vertes, il va de soi...
RépondreSupprimerNoémie : la salade de persil, c'est spécial, tout le monde n'apprécie pas. Moi, j'en raffole ! J'espère que tu aimeras.
RépondreSupprimerConcernant les magasins bio, je n'ai pas attendu d'habiter Paris pour les fréquenter et j'ai malheureusement toujours eu la même mauvaise impression. C'est peut-être moi le problème alors...
Loïc : Exact ! Faut se changer les idées de temps en temps. Tout en restant dans le vert. :)
Au pays des délices : tout dépend peut-être de l'humeur du vendeur, a-t-il eu son bol de lait choco-noisettes le matin, ou seulement de soja nature ?
Mathilda : pour info, évite aussi Grenoble et Nîmes, tout aussi sinistrés que Paris en termes d'accueil dans les magasins bio.
Mély : et ça, ça fait du bien à mon matin aussi. :)
Sweet Faery : en général, j'aime beaucoup aller faire mes courses alimentaires (oui, oui, c'est possible). Mais là, je dois mal tomber à chaque fois.
Cita : sans la rencontre avec Les liaisons culinaires, je n'y aurais jamais pensé aussi.
Je pense qu'il faudrait organiser un tour de France des magasins bio, histoire de repérer les très bons. :)
Zazouille : Ah, toi aussi ! C'est marrant comme les expériences sont très variées.
Tente le persil : en prévoyant beaucoup de purée de sésame, il passera toujours.
Laurent : qui reforestent les toits abandonnés de nos immeubles ? (pour comprendre mes obscures pensées, hop, on fait un petit tour par là : http://pigut.mintyway.com/2011/04/30/premier-anniversaire-les-utopies-de-biona/)
Tout ça est original et je ne demanderai qu'a gouter. Une salade de persil ? Why not ? Puree de sesame, ça oui, sure ;)
RépondreSupprimerPour les magasins bio ... ah ? Ils sont sympa chez moi mais il y en a peu et aux States, les commerçants sont TOUS, sans exception vraiment ( et ça fait presque un choc quand tu débarques ), aimables. Competents, parfois, j'en sais plus qu'eux ;) Mais peu importe, ils ont le sens de l'accueil et de la communication. Certains les trouveront " lourds " et " gnangnan " mais au final ils sont gentils et c'est tellement appréciable pour une française habituée au manque évident de courtoisie et gentillesse dans les magasins en général en France ;(
souvenirs...j'en ai mangé une, il y a une vingtaine d'année à Fez, et ça m'avais étonnée.....mais comme je rate régulièrement mon semis de persil, je n'en ai jamais assez " en trop" pour tenter la salade
RépondreSupprimerOui... mais non ! ^^ Bon, les petits Biocoop où j'ai "débuté" faisaient un peu peur hein, c'est vrai... Mais j'ai eu la chance de trouver un joli magasin bio où l'on n'a pas l'impression de pénétrer dans la 4ème dimension, où le personnel est non seulement agréable mais (en plus) me reconnait, bref... les petits hommes verts n'ont pas encore fait la loi partout ^^ Courage !
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